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LIVRE XXI, CHAP. VIl.


si loin les ouvrages de l'art. La religion acheva de corrompre ce que son opulence lui avait laissé de mœurs. Elle érigea un temple à Vénus, où plus de mille courtisanes furent consacrées [1]. C’est de ce séminaire que sortirent la plupart de ces beautés célèbres dont Athénée a osé écrire l’histoire.

Il paroit que, du temps d'Homère, l’opulence de la Grèce étoit à Rhodes, à Corinthe et à Orchomène. « Jupiter, dit-il [2], aima les Rhodiens, et leur donna de grandes richesses. » Il donne à Corinthe [3]l’épithèie de riche.

De même, quand il veut parler des villes qui ont beaucoup d’or, il cite Orchomène [4] qu’il joint à Thèbes d’Egypte. Rhodes et Corinthe conservèrent leur puissance, et Orchomène la perdit. La position d’Orchomène, près de l’Hellespont, de la Propontide et du Pont-Euxin, fait naturellement penser qu’elle tiroit ses richesses d’un commerce sur les côies de ces mers, qui avoient donné lieu à la fable de la toison d’or. Et effectivement, le nom de Miniares est donné à Orchomène [5] et encore aux Argonautes. Mais comme, dans la suite, ces mers devinrent plus connues ; que les Grecs y établirent un très-grand nombre de colonies ; que ces colonies négocièrent avec les peuples barbares ; qu’elles communiquèrent avec bur métropole ; Orchomène commença à décheoir, et elle rentra dans la foule des autres villes grecques.

Les Grecs, avant Homère, n’avoient guère négocié qu’entre eux, et chez quelque peuple barbare ; mais ils

  1. Tout le reste du chapitre manque dans A. B.
  2. Iliade, liv. II, vers 668. (M.)
  3. Ibid., vers 570. (M.)
  4. Ibid.. liv. I, vers 381. Voyez Strabon, liv. IX, p. 414, édit. de 1620. (M.)
  5. Strabon, liv. IX, p. 414. (M.)