Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t4.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée
403
LIVRE XXI, CHAP. VI.


Pont-Euxin, étoit couvert de villes et de nations qui ne sont plus encore [1].

Eratosthène [2] et Aristobule tenoient de Patrocle [3] que les marchandises des Indes passoient par l'Oxus dans la mer du Pont. Marc Varron [4] nous dit que l'on apprit, du temps de Pompée dans la guerre contre Mithridate, que l'on alloit en sept jours de l'Inde dans le pays des Bactriens, et au fleuve Icarus, qui se jette dans l’Oxus ; que par là les marchandises de l'Inde pouvoient traverser la mer Caspienne, entrer de là dans l’embouchure du Cyrus ; que de ce fleuve il ne falloit qu’un trajet par terre de cinq jours pour aller au Phase, qui conduisoit dans le Pont-Euxin. C’est sans doute par les nations qui peuploient ces divers pays, que les grands empires des Assyriens, des Mèdes, et des Perses, avoient une communication avec les parties de l’Orient et de l’Occident les plus reculées.

Cette communication n’est plus. Tous ces pays ont été dévastés par les Tartares [5] et cette nation destructrice les habite encore pour les infester. L’Oxus ne va

  1. C'est-à-dire : qui ont également disparu.
  2. Strabon, liv. XI. (M.)
  3. L’autorité de Patrocle est considérable, comme il paroit par un récit de Strabon, liv. II. (M.)
  4. Dans Pline, liv. VI, C. XVII. Voyez aussi Strabon, liv. XI, sur le trajet des marchandises du Phase au Cyrus. (M.)
  5. Il faut que, depuis le temps de Ptolomée, qui nous décrit tant de rivières qui se jettent dans la partie orientale de la mer Caspienne, il y ait eu de grands changements dans ce pays. La carte du czar ne met de ce coté-là que la rivière d’Astrabat ; et celle de M. Bathalsi, rien du tout. a. (M.)

    a A. B. rédigent ainsi cette note : De là vient que ceux qui nous ont décrit ces pays depuis les Tartares, les ont entièrement défigurés. La carte de la mer Caspienne, faite de nos jours par les ordres du czar Pierre Ier, a découvert les erreurs énormes de nos cartes modernes sur la figure de la mer Caspienne, et elle se trouve conforme à ce que les anciens en avoient dit. Voyez Pline, liv. VI, chap. XII.