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CHAPITRE VIII.


POURQUOI LES ANCIENS N’AVOIENT PAS UNE IDÉE
BIEN CLAIRE DE LA MONARCHIE.


Les anciens ne connoissoient point le gouvernement fondé sur un corps de noblesse, et encore moins le gouvernement fondé sur un corps législatif formé par les représentants d’une nation. Les républiques de Grèce et d’Italie étoient des villes qui avoient chacune leur gouvernement, et qui assembloient leurs citoyens dans leurs murailles. Avant que les Romains eussent englouti toutes les républiques, il n’y avoit presque point de roi nulle part, en Italie, Gaule, Espagne, Allemagne [1] ; tout cela étoit de petits peuples ou de petites républiques ; l’Afrique même étoit soumise à une grande ; l’Asie Mineure étoit occupée par les colonies grecques. Il n’y avoit donc point d’exemple de députés de villes, ni d’assemblées d’États ; il falloit aller jusqu’en Perse pour trouver le gouvernement d’un seul.

Il est vrai qu’il y avoit des républiques fédératives ; plusieurs villes envoyoient des députés à une assemblée.

  1. M. de Montesquieu a-t-il donc oublié qu’il existoit, dans le temps dont il parle, des rois en Macédoine, en Syrie, en Égypte, des rois de Pont et de Bithynie dans l'Asie Mineure, des rois numides et maures en Afrique ? (CRÉVIER.) — Je crois que Montesquieu eût répondu qu’il voyait dans tous ces États des despotismes, mais non pas des monarchies au sens qu'il donne à ce mot.