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CHAPITRE XIX.
QUE LE PRINCE NE DOIT POINT FAIRE LE COMMERCE.
Théophile [1] voyant un vaisseau où il y avoit des marchandises pour sa femme Théodora, le fit brûler. « Je suis empereur, lui dit-il, et vous me faites patron de galère. En quoi les pauvres gens pourront-ils gagner leur vie, si nous faisons encore leur métier ? » Il auroit pu ajouter : Qui pourra nous réprimer, si nous faisons des monopoles ? Qui nous obligera de remplir nos engagements ? Ce commerce que nous faisons, les courtisans voudront le faire ; ils seront plus avides et plus injustes que nous. Le peuple a de la confiance en notre justice ; il n’en a point en notre opulence : tant d’impôts qui font sa misère sont des preuves certaines de la nôtre [2].
- ↑ Zonare. (M).
- ↑
« Il y a en quelques pays des portions de commerce qui se font par
le prince, et pour son compte. C’est une très-mauvaise méthode, qui ne
tend qu’à établir un monopole. Il est à parier que si le commerce, que les
Czars de Moscovie se sont réservé, était libre, il serait bien plus considérable.
Il s’est trouvé, en Espagne, quelques occasions particulières où l'on a
éprouvé le même inconvénient ; d’ailleurs, c’est une espèce de vol fait au
peuple. PECQUET, » Analyse raisonnée, etc., p. 171. On voit à qui s’adresse
Montesquieu, quand il cite l’exemple de l’empereur Théophile.
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