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CHAPITRE VIII.


COMMENT ON A GÉNÉ QUELQUEFOIS LE COMMERCE
D'ÉCONOMIE.


On a fait, dans de certaines monarchies [1], des lois très-propres à abaisser les États qui font le commerce d’économie. On leur a défendu d’apporter d’autres marchandises que celles du cru de leur pays : on ne leur a permis de venir trafiquer qu’avec des navires de la fabrique du pays où ils viennent.

Il faut que l’État qui impose ces lois puisse aisément faire lui-même le commerce : sans cela, il se fera pour le moins un tort égal. Il vaut mieux avoir affaire à une nation qui exige peu, et que les besoins du commerce rendent en quelque façon dépendante ; à une nation qui, par l’étenduede ses vues on de ses affaires, sait où placer toutes les marchandises superflues ; qui est riche, et peut se charger de beiucoup de denrées ; qui les paiera promptement ; qui a, pour ainsi dire, des nécessités d’être fidèle ; qui est pacifique par principe, qui cherche à gagner, et non pas à conquérir : il vaut mieux, dis-je, avoir aflaire à cette nation qu’à d’autres toujours rivales, et qui ne donneroient pas tous ces avantages [2].

  1. C’est presque toujours de cette façon que Montesquieu désigne la France.
  2. En d’autres termes : il vaudrait mieux pour la France avoir affaire aux Hollandais qu’aux Anglais.