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LIVRE XX, CHAP. IV.


toujours nécessairement mêlées avec les affaires publiques. Mais, dans les monarchies, les affaires publiques sont, la plupart du temps [1], aussi suspectes aux marchands qu’elles leur paroissent sûres dans les États républicains [2]. Les grandes entreprises de commerce ne sont donc pas pour les monarchies, mais pour le gouvernement de plusieurs [3].

En un mot, une plus grande certitude de sa propriété, que l'on croit avoir dans ces États, fait tout entreprendre ; et, parce qu’on croit être sûr [4] de ce que l'on a acquis, on ose l’exposer pour acquérir davantage ; on ne court de risque que sur les moyens d’acquérir : or, les hommes espèrent beaucoup de leur fortune.

Je ne veux pas dire qu’il y ait aucune monarchie qui soit totalement exclue du commerce d’économie ; mais elle y est moins portée par sa nature. Je ne veux pas dire que les républiques que nous connaissons soient entièrement privées du commerce de luxe ; mais il a moins de rapport à leur constitution [5].

Quant à l’État despotique, il est inutile d’en parler [6]. Règle générale. Dans une nation qui est dans la servitude, on travaille plus à conserver qu’à acquérir. Dans une nation libre, on travaille plus à acquérir qu’à conserver.

  1. A. B. N'ont point : la plupart du temps.
  2. A. B. Dans les États libres.
  3. A. B. Mais pour les États républicains.
  4. A. B. Et parce que l'on est sûr de ce que l'on a acquis, etc.
  5. Ce paragraphe n’est point dans A. B.
  6. Cette phrase n'est point dans A. B.
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