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CHAPITRE IV.


DU COMMERCE DANS LES DIVERS GOUVERNEMENTS.


Le commerce a du rapport avec la constitution. Dans le gouvernement d’un seul, il est ordinairement fondé sur le luxe [1] et quoiqu’il le soit aussi sur les besoins réels, son objet principal est de procurer à la nation qui le fait, tout ce qui peut servir à son orgueil, à ses délices, et à ses fantaisies [2]. Dans le gouvernement de plusieurs, il est plus souvent fondé sur l’économie [3] Les négociants, ayant l’œil sur toutes les nations de la terre, portent à l’une ce qu’ils tirent de l’autre. C’est ainsi que les républiques de Tyr, de Carthage, d’Athènes, de Marseille, de Florence, de Venise, et de Hollande, ont fait le commerce.

  1. A. B. Dans le gouvernement d'un seul il est fondé sur le luxe, et son objet unique est de procurer à la nation qui le fait, tout ce qui peut servir à son orgueil, à ses délices et à ses fantaisies. Dans le gouvernement do plusieurs il est ordinairement fondé sur réconomie.
  2. Et avant tout à ses besoins. En tout pays, quel que soit le gouvernement, le commerce a le même objet : acheter tout ce qui se vend, et vendre tout ce qui s'achète.
  3. La distinction du commerce de luxe et du commerce d'économie est particulière à Montesquieu. Suivant Risteau, Montesquieu a eu en vue les Hollandais, « Ils sont à l’égard des autres nations de l’Europe, ce qu’est un commissionnaire à regard de son commettant ; et c’est là ce qui constitue véritablement le commerce d’économie. Le commerce de luxe, dans la langue de Montesquieu, serait donc celui qui fournit à la consommation ; le commerce d’économie serait le commerce de commission et d’exportation.