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CHAPITRE X.


DU CARACTÈRE DES ESPAGNOLS ET DE CELUI
DES CHINOIS.


Les divers caractères des nations sont mêlés de vertus et de vices, de bonnes et de mauvaises qualités. Les heureux mélanges sont ceux dont il résulte de grands biens, et souvent on ne les soupçonneroit pas ; il y en a dont il résulte de grands maux, et qu’on ne soupçonneroit pas non plus.

La bonne foi des Espagnols a été fameuse dans tous les temps. Justin [1] nous parle de leur fidélité à garder les dépôts : ils ont souvent souffert la mort pour les tenir secrets. Cette fidélité qu’ils avoient autrefois, ils l’ont encore aujourd’hui. Toutes les nations qui commercent à Cadix confient leur fortune aux Espagnols ; elles ne s’en sont jamais repenties. Mais cette qualité admirable, jointe à leur paresse, forme un mélange dont il résulte des effets qui leur sont pernicieux : les peuples de l’Europe font, sous leurs yeux, tout le commerce de leur monarchie.

Le caractère des Chinois forme un autre mélange, qui est en contraste avec le caractère des Espagnols. Leur vie

  1. Liv. XLIV, C. II. (M.) — Justinn vante la fidélité de la nation espagnole à garder les secrets. Sœpe tormentis pro silentio rerum creditarum immortui. M. de Montesquieu, citant Justin, nous parle de fidélité à garder les dépôts. (CRÉVIER.)