Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t4.djvu/317

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE DIX-NEUVIÈME.


DES LOIS DANS LE RAPPORT
QU'ELLES ONT AVEC LES PRINCIPES QUI FORMENT
L'ESPRIT GÉNÉRAL
LES MOEURS ET LES MANIÈRES
D'UNE NATION.


____________


CHAPITRE PREMIER.


DU SUJET DE CE LIVRE.


Cette matière est d’une grande étendue. Dans cette foule d’idées qui se présentent à mon esprit, je serai plus attentif à l’ordre des choses qu’aux choses même. Il faut que j’écarte à droite et à gauche, que je perce, et que je me fasse jour [1].

  1. Montesquieu, qui méditait pendant vingt ans le sujet de ses ouvrages, avait pourtant une extrême promptitude d'esprit, des saillies de réflexion, suivant l'expression de Vauvenargues, et ses pensées les plus profondes le saisissaient quelquefois comme une impression rapide. C’est alors qu'il s’écrie : « Je découvre ce que j'ai longtemps inutilement cherché... Je vois la raison de ceci... Je vois beaucoup de choses à la fois ; il faut me laisser le temps de les dire. » Le génie de Montesquieu n'était pas de la trempe de ceux qui se laissent gouverner, qu’on prend, pour