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CHAPITRE XXIX.


ESPRIT SANGUINAIRE DES ROIS FRANCS.


Clovis n’avoit pas été le seul des princes, chez les Francs, qui eût entrepris des expéditions dans les Gaules. Plusieurs de ses parents y avoient mené des tribus particulières ; et comme il eut de plus grands succès, et qu’il put donner des établissements considérables à ceux qui l’avoient suivi, les Francs accoururent à lui de toutes les tribus, et les autres chefs se trouvèrent trop foibles pour lui résister. Il forma le dessein d’exterminer toute sa maison, et il y réussit [1] Il craignoit, dit Grégoire de Tours [2], que les Francs ne prissent un autre chef. Ses enfants et ses successeurs suivirent cette pratique autant qu’ils purent : on vit sans cesse le frère, l’oncle, le neveu, que dis-je, le fils, le père, conspirer contre toute sa famille. La loi séparoit sans cesse la monarchie ; la crainte, l'ambition et la cruauté vouloient la réunir.

  1. Grégoire de Tours, liv. II. (M.)
  2. Ibid. (M.)
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