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CHAPITRE XXIV.


DES MARIAGES DES ROIS FRANCS.


J'ai dit ci-dessus [1] que, chez les peuples qui ne cultivent point les terres, les mariages étoient beaucoup moins fixes, et qu’on y prenoit ordinairement plusieurs femmes. « Les Germains étoient presque les seuls [2] de tous les barbares qui se contentassent d’une seule femme, si l'on en excepte [3], dit Tacite, quelques personnes qui, non par dissolution, mais à cause de leur noblesse, en avoient plusieurs. »

Cela explique comment les rois de la première race eurent un si grand nombre de femmes. Ces mariages étoient moins un témoignage d’incontinence qu’un attribut de dignité : c’eût été les blesser dans un endroit bien tendre, que de leur faire perdre une telle prérogative [4]. Cela explique comment l’exemple des rois ne fut pas suivi par les sujets.

  1. Sup., XVIII, XIII.
  2. Prope soli barbarorum singulis uxoribus contenti sunt. De moribus Germ., C. XVIII. (M.)
  3. Exceptis admodum paucis qui, non libidine, sed ob nobilitatem, plurimis nuptiis ambiuntur. Ibid. (M.)
  4. Voyez la Chronique de Frédégaire sur l'an 628. (M.)
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