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CHAPITRE IX.


DU TERRAIN DE L’AMÉRIQUE.


Ce qui fait qu’il y a tant de nations sauvages en Amérique, c’est que la terre y produit d’elle-même beaucoup de fruits dont on peut se nourrir. Si les femmes y cultivent autour de la cabane un morceau de terre, le maïs y vient d’abord. La chasse et la pèche achèvent de mettre les hommes dans l’abondance [1]. De plus, les animaux qui pussent, comme les bœufs, les buffles, etc., y réussissent mieux que les bétes carnassières. Celles-ci ont eu de tout temps l’empire de l’Afrique [2].

Je crois qu’on n’auroit point tous ces avantages en Europe, si l’on y laissoit la terre inculte ; il n’y viendroit guère que des forêts, des chênes et autres arbres stériles.

  1. De Paw, dans ses Recherches sur les Américains, t. I, p. 90, fait observer avec raison que dans ce chapitre Montesquieu suppose comme vrai ce qui est faux, et en tire une conclusion démentie par les faits. Les indigènes de l’Amérique du Nord mènent une vie des plus rudes et y sont décimés par la faim. Si la vie eût été aussi facile que le suppose l'auteur de l'Esprit des lois, les peuplades seraient devenues de grands peuples, et l'Amérique serait devenue le siège d'un grand empire.
  2. A. B. n'ont pas cette dernière phrase.
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