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CHAPITRE II.


DIFFÉRENCE DES PEUPLES PAR RAPPORT
AU COURAGE.


Nous avons déjà dit que la grande chaleur énervoit la force et le courage des hommes ; et qu’il y avoit dans les climats froids une certaine force de corps et d’esprit qui rendoit les hommes capables des actions longues, péaibles, grandes et hardies [1]. Cela se remarque non-seulement de nation à nation, mais encore dans le même pays, d’une partie à une autre. Les peuples du nord de la Chine sont plus courageux que ceux du midi [2] ; les peuples du midi de la Corée [3] ne le sont pas tant que ceux du Nord.

Il ne faut donc pas être étonné que la lâcheté des

  1. Suivant l'historien de Thou, le froid apportait une grande altération dans le tempérament de Henri III ; ce prince s’abandonnait alors à une mélancolie profonde, dormait peu, travaillait sans relâche, tourmentait ses ministres, et décidait les affaires en homme qui se laisse dominer par une humeur austère ; ce qui ne lui arrivait jamais dans les autres temps de l'année. De Thou ajoute que, s’étant arrêté chez le chancelier de Chiverny, en se rendant à Blois où était la Cour, le chancelier lui dit que si, pendant la gelée, le duc de Guise continuait de chagriner le roi, ce prince le ferait expédier sans forme de justice. Et en effet Guise fut tué peu de jours après cette conversation. On était alors à Noél et au milieu des rigueurs de la saison. (PARRELLE.)
  2. Le P. du Halde, t. 1, p. 112. (M.)
  3. Les livres chinois le disent ainsi. Ibid., t. IV, p. 448. (M.)