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DE L’ESPRIT DES LOIS.

Le divorce a ordinairement une grande utilité politique ; et quant à l’utilité civile, il est établi pour le mari et pour la femme, et n’est pas toujours favorable aux enfants [1].

  1. Le divorce est une question complexe, qui a toujours embarrassé le législateur. Si l'on ne considère que les deux époux, il semble naturel d’admettre la séparation de deux individus qui ne peuvent plus vivre ensemble ; mais si l'on considère l'effet produit sur la société, l’incertitude que jette dans tous les ménages la facilité d’une séparation, l’encouragement donné à la passion qui voit dans le divorce un moyen de se satisfaire en transformant l’adultère en union légitime, on comprend que dans certains pays on ait sacrifié l’intérêt individuel à l’intérêt social. Quant aux enfants, il ne faut point dire avec Montesquieu que le divorce ne leur est pas toujours favorable ; on peut affirmer que la plupart du temps le divorce est pour eux le plus grand des malheurs. C'est l’abandon, c’est une mauvaise éducation, c’est la perversion du cœur et de l’esprit.
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