Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t4.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XIV.


DES ESCLAVES ARMÉS.


Il est moins dangereux dans la monarchie d’armer les esclaves que dans les républiques. Là, un peuple guerrier, un corps de noblesse, contiendront assez ces esclaves armés. Dans la république, des hommes uniquement citoyens ne pourront guère contenir des gens qui, ayant les armes à la mdn, se trouveront égaux aux citoyens.

Les Goths, qui conquirent l’Espagne, se répandirent dans le pays, et bientôt se trouvèrent très-foibles. Ils firent trois règlements considérables : ils abolirent l’ancienne coutume qui leur défendoit de [1] s’allier par affranchis [2] du fisc iroient à la guerre, sous peine d’être réduits en servitude : ils ordonnèrent que chaque Goth mèneroit à la guerre et armeroit la dixième [3] partie de ses esclaves. Ce nombre étoit peu considérable en comparaison de ceux qui restoient. De plus, ces esclaves, menés à la guerre par leur maître, ne faisoient pas un corps séparé ; ils étoient dans l’armée, et restoient, pour ainsi dire, dans la famille.

  1. Loi des Wisigoths, liv. III, tit. I, § 1. (M.)
  2. ibid, liv. V, tit. VII, § 20. (M.)
  3. ibid., liv. IX, tit. II, § 9. (M.)
    ____________