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CHAPITRE XIII.


EFFETS QUI RÉSULTENT DU CLIMAT D'ANGLETERRE[1].


Dans une nation à qui une maladie du climat affecte tellement l'âme, qu’elle pourroit porter le dégoût de toutes choses jusqu’à celui de la vie, on voit bien que le gouvernement qui conviendroit le mieux à des gens à qui tout seroit insupportable, seroit celui où ils ne pourroient pas se prendre à un seul de ce qui causeroit leurs chagrins ; et où les lois gouvernant plutôt que les hommes, il faudroit, pour changer l’État, les renverser elles-mêmes.

Que si la même nation avoit encore reçu du climat un certain caractère d’impatience qui ne lui permît pas de souffrir longtemps les mêmes choses, on voit bien que le gouvernement dont nous venons de parler seroit encore le plus convenable [2].

Ce caractère d’impatience n’est pas grand par lui-même ; mais il peut le devenir beaucoup, quand il est joint avec le courage.

Il est différent de la légèreté, qui fait que l’on entreprend sans sujet, et que l'on abandonne de même. Il approche plus de l’opiniâtreté, parce qu’il vient d’un sen-

  1. A. Effets d'un certain climat
  2. L’impatience n’est guère le défaut qu'on reproche aux Anglais d’aujourd’hui.