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CHAPITRE IV.


CAUSE DE L'IMMUTABILITÉ DE LA RELIGION,
DES MŒURS, DES MANIÈRES, DES LOIS DANS LES PAYS
D'ORIENT.


Si, avec cette foiblesse d’organes qui fait recevoir aux peuples d’Orient les impressions du monde les plus fortes, vous joignez une certaine paresse dans l’esprit, naturellement liée avec celle du corps, qui fasse que cet esprit ne soit capable d’aucune action, d’aucun effort, d’aucune contention, vous comprendrez que l’âme, qui a une fois reçu des impressions, ne peut plus en changer. C’est ce qui fait que les lois, les mœurs [1] et les manières, même celles qui paroissent indifférentes, comme la façon de se vêtir, sont aujourd’hui en Orient comme elles étoient il y a mille ans.

  1. On voit, par un fragment de Nicolas de Damas, recueilli par Constantin Porphyrogénète, que la coutume étoit ancienne en Orient d'envoyer l'étrangler un gouverneur qui déplaisoit ; elle étoit du temps des Mèdes. (M.)
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