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DE L’ESPRIT DES LOIS.


des tributs : c’est la liberté. Il y a dans les États [1] despotiques un équivalent pour la liberté : c’est la modicité des tributs.

Dans de certaines monarchies en Europe on voit des provinces [2] qui, par la nature de leur gouvernement politique, sont dans un meilleur état que les autres. On s’imagine toujours qu’elles ne paient pas assez parce que, par un effet de la bonté de leur gouvernement, elles pourroient payer davantage ; et il vient toujours dans l’esprit de leur ôter ce gouvernement même qui produit ce bien qui se communique, qui se répand au loin, et dont il vaudroit bien mieux jouir.

  1. En Russie, les tributs sont médiocres : on les a augmentés depuis que le despotisme y est plus modéré. Voyez l'Histoire des Tattars, part II. (M.)
  2. Les pays d'États [en France]. (M.) Les pays d’États avaient le droit de fixer eux-mêmes la part d'impôt qu’ils paieraient ; mais sous Louis XIV et ses successeurs, ce droit était plus apparent que réel. La cour fixait à l'avance le chiffre que devait atteindre la générosité des pays d’États. Ce n’en était pas moins un vestige de l’ancienne liberté française.
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