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LIVRE TREIZIÈME.


DES RAPPORTS QUE LA LEVÉE DES TRIBUTS
ET LA GRANDEUR DES REVENUS PUBLICS ONT AVEC
LA LIBERTÉ.


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CHAPITRE PREMIER.


DES REVENUS DE L’ÉTAT.


Les revenus de l’État sont une portion que chaque citoyen donne de son bien pour avoir la sûreté de l’autre [1], ou pour en jouir agréablement [2].

Pour bien fixer ces revenus, il faut avoir égard et aux nécessités de l’État, et aux nécessités des citoyens. II ne faut point prendre au peuple sur ses besoins réels, pour des besoins de l’État imaginaires.

Les besoins imaginaires sont ce que demandent les passions et les foiblesses de ceux qui gouvernent, le charme d’un projet extraordinaire, l’envie malade d’une vaine gloire, et une certaine impuissance d’esprit contre

  1. A. De l’autre portion.
  2. Dites plutôt : pour contribuer au salut de l'État. (LUZAC.)