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CHAPITRE XX.


DES LOIS FAVORABLES A LA LIBERTÉ DU CITOYENS
DANS LA RÉPUBLIQUE.


II arrive souvent dans les États populaires que les accusations sont publiques, et qu’il est permis à tout homme d’accuser qui il veut. Cela a fait établir des lois propres à défendre l’innocence des citoyens. A Athènes, l’accusateur qui n’avoit point pour lui la cinquième partie des suffrages, payoit une amende de mille drachmes. Eschine, qui avoit accusé Ctésiphon, y fut condamné [1]. A Rome, l’injuste accusateur étoit noté d’infamie [2], on lui imprimoit la lettre K sur le front [3]. On donnoit des gardes à l’accusateur pour qu’il fût hors d’état de corrompre les juges [4] ou les témoins.

J’ai déjà parlé de cette loi athénienne et romaine qui permettoit à l’accusé de se retirer avant le jugement.

  1. Voyez Philostrate, liv. I, Vie des sophistes, vie d'Eschine, Voyez aussi Plutarque et Photius. (M.)
  2. Par la loi Remnia. (M.)
  3. Première lettre du mot Kalumnia, suivant l’ancienne orthographe. Plinii Panegyrieus, c. XXXV.
  4. Plutarque, au traité : Comment on pourroit recevoir de l'utilité de tes ennemis. (M.)
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