Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t4.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE XV.


DE L’AFFRANCHISSEMENT DE L’ESCLAVE
POUR ACCUSER LE MAITRE.


Auguste établit que les esclaves de ceux qui auroient conspiré contre lui seroient vendus au public, afin qu’ils pussent déposer contre leur maître [1]. On ne doit rien négliger de ce qui mène à la découverte d’un grand crime. Ainsi, dans un État où il y a des esclaves, il est naturel qu’ils puissent être indicateurs ; mais ils ne sauroient être témoins.

Vindex indiqua la conspiration faite en faveur de Tarquin ; mais il ne fut pas témoin contre les enfants de Brutus. Il étoit juste de donner la liberté à celui qui avoit rendu un si grand service à sa patrie ; mais on ne la lui donna pas afin qu’il rendit ce service à sa patrie.

Aussi l’empereur Tacite ordonna-t-il que les esclaves ne seroient pas témoins contre leur maître, dans le crime même de lèse-majesté [2] : loi qui n’a pas été mise dans la compilation de Justinien.

  1. Dion, dans Xiphilin, liv. LV, c. v. (M.) Tacite Annales, II, c. XXX, et III, LXVII, attribue cette loi à Tibère.
  2. Flavius Vopiscus, dans la Vie de l'empereur Tacite, C. IX. (M.)
    ____________