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LXI
A L’ESPRIT DES LOIS.

Condorcet a publié des Observations sur le XXIXe livre de l’Esprit des lois, intitulé : De la manière de composer les lois. Condorcet réfute Montesquieu, qu’il traite avec sévérité, et s’amuse à refaire le livre qu’il critique. M. Destutt de Tracy a publié les Observations de Condorcet à la suite de son propre commentaire. Il y trouve une grande force de dialectique et une supériorité de vues ; c’est chose naturelle : Condorcet et Destutt de Tracy sont de l’école philosophique. Pour moi, j’en ai tiré peu de chose ; j’ai trouvé dans ces Observations plus de morgue que de justesse. Sans être le plus grand philosophe de son temps, comme le prétend M, de Tracy, Condorcet n’est pas un esprit ordinaire ; mais tout entier à son credo, il ne comprend ni ne parle la langue de Montesquieu.

Il serait injuste d’oublier les Observations sur Montesquieu, publiées en 1787 par M. Lenglet, avocat au Parlement de l’Académie d’Arras [1]. C’est une analyse de l'Esprit des lois ; elle ne manque pas de mérite. L’auteur a pris pour devise de son livre une phrase empruntée à la Défense de l'Esprit des lois. « Dans les livres de raisonnement, on ne tient rien, si on ne tient toute la chaîne. » Il s’est proposé de répondre à ceux qui accusaient Montesquieu d’un défaut de méthode ; il a essayé de mettre en pleine lumière le pian de son grand ouvrage. On ne peut dire qu’il y ait tout à fait réussi ; mais l’intention était bonne. Lenglet est un de ceux qui ont le mieux saisi la pensée de Montesquieu.

En 1806, M. Destutt de Tracy, sénateur, écrivit pour Jefferson un Commentaire sur l'Esprit des lois. L’ouvrage parut à Philadelphie en 1811 ; l’auteur ne comptait pas le publier en

  1. L'ouyrage a reparu en 1792 avec un nouveau titre et une autre préface. Le titre porte : Essais ou Observations sur Montesquieu, par E. Lenglet, Juge au tribunal de Bapaume. Paris, chez Froillé, 1 vol. in-8° de 120 pages.

    Je ne connais que par une note de M. Sclopis, l'Esprit de l'Esprit des lois, par M. le marquis de Maleteste, conseiller au parlement de Dijon. 1 vol., Londres (Paris), 1781. Suivant M. Sclopis, c'est un extrait analytique de l'Esprit des lois.