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XXXIX
A L’ESPRIT DES LOIS.


petit nombre d’exemplaires, en deux volumes in-8°, des : Remarques sur quelques parties d’un livre intitulé l'Esprit des lois [1]. « Ainsi, écrivait Montesquieu, me voilà cité au tribunal de la maltôte, comme j’ai été cité à celui du Journal de Trévoux [2]. » Le livre avait fait grand bruit avant sa naissance ; on prétend même que Montesquieu se serait adressé à madame de Pompadour pour en empêcher la publication. Les écrivains du XVIIIe siècle étaient assez chatouilleux à l'endroit de la critique, pour qu’une pareille démarche n’ait en soi rien d’impossible ; Voltaire en a fait bien d’autres. Mais jusqu’à preuve du contraire rien n’autorise à accuser Montesquieu de cette faiblesse. Dans sa correspondance, il ne parait nullement effrayé des critiques de celui qu’il appelle le pesant Dupin [3].

Ce qui semble vrai, c’est que, par un motif que nous ignorons, M. Dupin supprima son livre, dont les exemplaires sont devenus une rareté bibliographique ; mais à l’aide des pères jésuites Berthier et Plesse, il le refondit en trois volumes sous le titre d’Observations sur un livre intitulé l’Esprit des lois, divisées en trois parties [4].

Ce livre, dont Voltaire s’est servi dans son Commentaire sur l’Esprit des lois, a les qualités et les défauts des Observations de Crévier dont nous parlerons plus loin. C’est l’œuvre de savants estimables qui ne se font faute de reprendre Montesquieu sur l’inexactitude d’un grand nombre de citations, et sur les conséquences qu’il en tire ; mais le mérite de l’Esprit des lois leur échappe, ou plutôt l’originalité et la hardiesse de Montesquieu les effraye. Ils appartiennent à cette école de

  1. Paris 1749, chez Benjamin Serpentin.
  2. Lettre à l’abbé Venuti, Paris, 1750,
  3. Lettre à l’abbé de Guasco, Paris, 175
  4. Trois volumes petit in-8, sans date, ni nom d'auteur on imprimeur. On croit que l'ouvrage parut en 1753. La préface, que l’on attribue à madame Dupin, est de J.-J. Rousseau, son secrétaire. V le livre VII des Confessions.