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CHAPITRE XVI.


D'UN ÉTAT DESPOTIQUE QUI CONQUIERT.


Lorsque la conquête est immense, elle suppose le despotisme [1]. Pour lors l’armée répandue dans les provinces ne suffit pas. II faut qu’il y ait toujours autour du prince un corps particulièrement affidé, toujours prêt à fondre sur la partie de l’empire qui pourroit s’ébranler. Cette milice doit contenir les autres, et faire trembler tous ceux à qui on a été obligé de laisser quelque autorité dans l’empire. Il y a autour de l’empereur de la Chine un gros corps de Tartares toujours prêt pour le besoin. Chez le Mogol, chez les Turcs, au Japon, il y a un corps à la solde du prince [2], indépendamment de ce qui est entretenu du revenu des terres [3]. Ces forces particulières tiennent en respect les générales.

  1. Sup. VIII, XVII ; inf., XVII, VI.
  2. Les janissaires chez les Turcs.
  3. Les sipahis et les timariots en Turquie.
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