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XXIV
INTRODUCTION


copie de ce chapitre curieux [1] ; tout au plus pourrait-on le retrouver dans les papiers que conserve avec un soin jaloux la famille de Montesquieu.

Pour en finir avec Jacob Vernet, disons qu’à en croire Guasco, il ne se fît aucun scrupule de changer quelques mots ; il ne les croyait point français, parce qu'ils n’étaient point en français de Genève [2], dit le malicieux Italien, qui pourrait bien répéter un mot de Montesquieu ; ce dont l'auteur fut fort piqué, ajoute-t-il, et il les fil corriger dans l’édition de Paris.

L’impression marchait lentement, car le 28 mars 1748, Montesquieu écrit à Mgr Cerati :


« A l’égard de mon ouvrage Je vous dirai mon secret. On l’imprime dans les pays étrangers ; Je continue à tous dire ceci dans un grand secret. Il aura deux volumes in-4, dont il y en a un d’imprimé ; mais on ne le débitera que lorsque l'autre sera fait. Sitôt qu'on le débitera, vous en aurez un que je mettrai entre vos mains comme l’hommage que je vous fais de mes terres. J'ai pensé me tuer depuis trois mois, afin d'achever un morceau que je veux y mettre, qui sera un livre de l'origine et des révolutions de nos lois civiles en France [3]. Cela formera trois heures de lecture ; mais je vous assure que cela m*a coûté tant de travail que mes cheveux en sont blanchis. Il faudrait pour que mon ouvrage fût complet que je pusse ajouter deux livres sur les lois féodales [4]. Je crois avoir fait des découvertes sur une matière la plus obscure que nous ayons, qui est pourtant une magnifique matière. Si je puis être en repos à ma campagne pendant trois mois, je compte que je donnerai la dernière main à ces deux livres, sinon mon ouvrage s’en passera. »


§ III. DE L'EFFET PRODUIT PAR L'ESPRIT DES LOIS.
PREMIÈRES ATTAQUES.
DÉFENSE DE L’ESPRIT DES LOIS. — LA SORBONNE.
LA CONGRÉGATION DE L'INDEX.


Revenu à la Brède au printemps de 1748, Montesquieu écrivit ses deux livres sur les lois féodales, et les envoya à l'imp-

  1. Sclopis, Recherches sur l'Esprit des lois, Turin, 1837, p. 121.
  2. Note de la lettre du 30 mai 1747.
  3. C'est le livre XXVIII, qui n’a pas moins de quarante-cinq chapitres.
  4. Ce sont les livres XXX et XXXI.