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DE L'ESPRIT DES LOIS.


la servitude où étoient tombés les Grecs. C'étoit, au contraire, la servitude des Grecs qui avoit corrompu ces exercices. Du temps de Plutarque [1], les parcs où l'on combattoit à nud, et les jeux de la lutte, rendoient les jeunes gens lâches, les portoient à un amour infâme, et n'en faisoient que des baladins ; mais du temps d'Épaminondas, l'exercice de la lutte faisoit gagner aux Thébains la bataille de Leuctres [2].

Il y a peu de lois qui ne soient bonnes, lorsque l'État n'a point perdu ses principes ; et, comme disoit Épicure [3] en parlant des richesses : « Ce n'est point la liqueur qui est corrompue, c'est le vase. »

  1. Plutarque, ibid, (M.)
  2. Plutarque, Œuvres morales, Propos de table, liv. II. Question V. (M.) — Sur qui gagnèrent-ils cette bataille ? Sur les Lacédémoniens qui s'exerçaient à la gymnastique depuis quatre cents ans. (B. Constant, Commentaire sur Filangieri, IVe partie, chap. I.)
  3. A. Et Je puis bien dire ici ce que disait Épicure, etc.

    Sincerum nisi vas, quodcumque infundis acescit.

    ( HORACE.)
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