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CHAPITRE IV.


CAUSE PARTICULIÈRE DE LA CORRUPTION DU PEUPLE.


Les grands succès, surtout ceux auxquels le peuple contribue beaucoup, lui donnent un tel orgueil, qu'il n’est plus possible de le conduire. Jaloux des magistrats, il le devient de la magistrature ; ennemi de ceux qui gouvernent, il l’est bientôt de la constitution. C’est ainsi que la victoire de Salamine sur les Perses corrompit la république d’Athènes [1] ; c’est ainsi que la défaite des Athéniens perdit la république de Syracuse [2].

Celle de Marseille n’éprouva jamais ces grands passages de l’abaissement à la grandeur : aussi se gouverna-t-elle toujours avec sagesse ; aussi conserva-t-elle ses principes.

  1. Aristote, Politique, liv. V, chap. IV. (M.)
  2. Ibid. (M.)
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