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CHAPITRE XVII.


DE L’ADMINISTRATION DES FEMMES.


Il est contre la raison et contre la nature que les femmes soient maîtresses dans la maison, comme cela étoit établi chez les Égyptiens [1] ; mais il ne l'est pas qu'elles gouvernent un empire. Dans le premier cas, l'état de foiblesse où elles sont ne leur permet pas la prééminence : dans le second, leur foiblesse même leur donne plus de douceur et de modération ; ce qui peut faire un bon gouvernement, plutôt que les vertus dures et féroces.

Dans les Indes, on se trouve très-bien du gouvernement des femmes ; et il est établi que, si les mâles ne viennent pas d'une mère du même sang, les filles qui ont une mère du sang royal, succèdent [2]. On leur donne un certain nombre de personnes pour les aider à porter le poids du gouvernement. Selon M. Smith [3], on se trouve aussi très-bien du gouvernement des femmes en Afrique. Si l'on ajoute à cela l'exemple de la Moscovie et de l'Angleterre [4], on verra qu'elles réussissent également, et dans le gouvernement modéré, et dans le gouvernement despotique.

  1. Lettres persanes,XXXVIII ; Temple de Gnide, chant III.
  2. Lettres édifiantes, 14e recueil. (M.)
  3. Voyage de Guinée, seconde partie, p. 165 de la traduction ; sur le royaume d'Angona, sur la côte d'Or. (M.)
  4. Elisabeth et Anne en Angleterre ; la première Catherine, Anne et Elisabeth en Moscovie.
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