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CHAPITRE V.


COMMENT LES LOIS ÉTABLISSENT L’ÉGALITÉ
DANS LA DÉMOCRATIE.


Quelques législateurs anciens, comme Lycurgue et Romulus, partagèrent également les terres. Cela ne pouvoit avoir lieu que dans la fondation d’une république nouvelle ; ou bien lorsque l’ancienne loi étoit si corrompue, et les esprits dans une telle disposition, que les pauvres se croyoient obligés de chercher, et les riches obligés de souffrir un pareil remède.

Si, lorsque le législateur fait un pareil partage, il ne donne pas des lois pour le maintenir, il ne fait qu’une constitution passagère ; l'inégalité entrera par le côté que les lois n’auront pas défendu, et la république sera perdue.

Il faut donc que l'on règle, dans cet objet, les dots des femmes, les donations, les successions, les testaments, enfin toutes les manières de contracter. Car, s’il étoit permis de donner son bien à qui on voudroit et comme on voudroit, chaque volonté particulière troubleroît la disposition de la loi fondamentale.

Selon, qui permettoit à Athènes de laisser son bien à qui on vouloit par testament, pourvu qu’on n’eût point d’enfants [1], contredisoit les lois anciennes, qui ordonnoient

  1. Plutarque, Vie de Solon. (M.)