il parut aux portes d’Athènes[1], elle n’avoit encore perdu que le temps. On peut voir dans Démosthène quelle peine il fallut pour la réveiller : on y craignoit Philippe, non pas comme l’ennemi de la liberté, mais des plaisirs[2].
Cette ville, qui avoit résisté à tant de défaites, qu’on avoit vue renaître après ses destructions, fut vaincue à Chéronée, et le fut pour toujours. Qu’importe que Philippe renvoie tous les
prisonniers[3] ? Il ne renvoie pas des
hommes. Il étoit toujours aussi aisé de triompher des forces d’Athènes qu’il étoit difficile[4] de triompher de sa vertu.
Comment Carthage auroit-elle pu se soutenir ? Lorsque Annibal, devenu préteur, voulut empêcher les magistrats de piller la république, n’allèrent-ils pas l’accuser devant les Romains ? Malheureux, qui vouloient être citoyens sans qu’il y eût de cité, et tenir leurs richesses de la main de leurs destructeurs ! Bientôt Rome leur demanda pour otages trois cents de leurs principaux citoyens ; elle se fit livrer les armes et les vaisseaux, et ensuite leur déclara la guerre. Par les choses que fit le désespoir dans Carthage désarmée[5], on peut juger de ce qu’elle auroit pu faire avec sa vertu, lorsqu’elle avoit ses forces.
- ↑ Elle avoit vingt mille citoyens. Voyez Démosthène, in Aristog. (M.)
- ↑ Ils avoient fait une loi pour punir de mort celui qui proposeroit de convertir aux usages de la guerre l’argent destiné pour les théatres. (M.)
- ↑ A. B. Renvoie les prisonniers. La correction est dans l’édition in-12 de 1751.
- ↑ A. B. Qu’il auroit été difficile, etc.
- ↑ Cette guerre dura trois ans. (M.) Tite-Live, XXXIII, XLVI.
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