son anéantissement : ainsi à Gènes la banque de Saint-George, qui est administrée
[1], en grande partie, par les principaux du peuple
[2], donne à celui-ci une certaine influence dans le gouvernement, qui en fait toute la prospérité.
Les sénateurs ne doivent point avoir le droit de remplacer ceux qui manquent dans le sénat ; rien ne seroit plus capable de perpétuer les abus. À Rome, qui fut dans les premiers temps, une espèce d’aristocratie, le sénat ne se suppléoit pas lui-même ; les sénateurs nouveaux étoient nommés [3] par les censeurs.
Une autorité exorbitante, donnée tout à coup à un citoyen dans une république, forme une monarchie, ou plus qu’une monarchie. Dans celle-ci les lois ont pourvu à la constitution, ou s’y sont accommodées ; le principe du gouvernement arrête le monarque ; mais, dans une république où un citoyen se fait donner [4] un pouvoir exorbitant, l’abus de ce pouvoir est plus grand, parce que les lois, qui ne l’ont point prévu, n’ont rien fait pour l’arrêter.
L’exception à cette règle est lorsque la constitution de l’État est telle qu’il a besoin d’une magistrature qui ait un pouvoir exorbitant. Telle étoit Rome avec ses dictateurs, telle est Venise avec ses inquisiteurs d’État ; ce sont des magistratures terribles, qui ramènent violemment l’État à la liberté [5]. Mais, d’où vient que ces magistratures se
- ↑ A. B. La banque de Saint-George, qui est dirigée par le peuple, lui donne une certaine influence, etc.
- ↑ Voyez M. Addisson, Voyages d'Italie, page 16. (M.) Hume. Essais moraux et politiques, IVe essai. Machiavel, Delle Istorie florentine, Hb VIII.
- ↑ Ils le furent d’abord par les consuls. (M.) Sup. ch. II.
- ↑ C’est ce qui renversa la république romaine. Voyez les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, ch. XIV et XVI. (M.)
- ↑ Inf. V, VIII ; XI, VI.