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CHAPITRE III.


DES LOIS POSITIVES.


Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur foiblesse ; l’égalité, qui étoit entre eux, cesse, et l’état de guerre commence [1].

Chaque société particulière vient à sentir sa force ; ce qui produit un état de guerre de nation à nation. Les particuliers, dans chaque société, commencent à sentir leur force : ils cherchent à tourner en leur faveur les principaux avantages de cette société ; ce qui fait entre eux un état de guerre.

Ces deux sortes d’état de guerre font établir les lois parmi les hommes. Considérés comme habitants d’une si grande planète, qu’il est nécessaire qu’il y ait différents peuples, ils ont des lois dans le rapport que ces peuples ont entre eux ; et c’est le droit des gens. Considérés comme vivants dans une société qui doit être maintenue, ils ont des lois dans le rapport qu’ont ceux qui gouvernent, avec ceux qui sont gouvernés ; et c’est le DROIT PUBLIQUE. Ils en ont encore dans le rapport que tous les citoyens ont entre eux ; et c’est le DROIT CIVIL.

Le droit des gens est naturellement fondé sur ce prin-

  1. L'état de société ne fait pas, ou du moins ne devroit pas faire cesser l'égalité ; elle devroit l’assurer et la défendre. (HELVÉTIUS.)