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ANALYSE RAISONNÉE


de la mer Rouge ne négocioient que sur cette mer et sur celle d’Afrique.

Il nous ramène aux beaux siècles d’Athènes, qui, ayant l’empire de la mer, donna la loi au roi de Perse, et abattit les forces maritimes de la Syrie et de la Phénicie.

Il est frappé de l’heureuse situation de Corinthe, de son commerce, de ses richesses, comme aussi des causes de la prospérité de la Grèce, des jeux qu’elle donnoit à l'univers, des temples où les rois envoyoient des offrandes, de ses fêtes, de ses oracles, de ses arts incomparables.

Il envisage la navigation de Darius sur l'Indus et sur la mer des Indes, plutôt comme une fantaisie d’un prince qui vouloit montrer sa puissance que comme le projet réglé d’un sage monarque qui veut l’employer.

Il considère la révolution causée dans le commerce par quatre événements arrivés sous Alexandre : la prise de Tyr, la conquête de l'Égypte, celle des Indes, et la découverte de la mer qui est au midi de ce pays.

La relation d'Hannon lui sert de guide pour reconnoître la puissance et la richesse de Carthage, qui, étant maîtresse des côtes de l’Afrique, s’étendit le long de celles de l’Océan. Il est enchanté de la simplicité de cette relation d’Hannon, qui, ennemi de toute parure, étoit, comme les grands capitaines, plus glorieux de ce qu’il faisoit que de ce qu’il écrivoit. Ici il n’oublie pas le commerce d’économie de Marseille, qui augmenta sa gloire après la ruine de Carthage.

En parcourant les nations de l’antiquité, notre auteur nous fait connoître, à travers différents siècles, la nature, l’étendue, les bornes de leur commerce, avec un discernement si délicat, que des faits même connus prennent entre ses mains un nouvel intérêt ; et, trop convaincu que, pour mieux instruire le lecteur, il faut modifier le ton uniforme de l’instruction et ménager des surprises agréables, tantôt, portant jusqu’au prodige l’union des sciences et des lettres, il est charmé de nous rappeler la belle peinture tracée par Homère de ces