Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t2.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AUX MANES
DU MARQUIS
DE CHAUVELIN
________


Toi qui des ombres fortunées
Habites les bois toujours verts !
Je t’ai vu sourire à ces vers
Tracés dans mes jeunes années.
C’est en vain qu’en l’honneur du dieu
Qui m’apprit à trouver la rime,
Sur mon ouvrage, en plus d’un lieu,
Je viens de repasser la lime ;
Ses défauts resteront toujours.
Montesquieu peignit une belle
Simple, naïve, sans atours :
J’ornai sa beauté naturelle ;
J’en demande grâce aux Amours.
Quand je rimais par fantaisie
Cet écrit d’un heureux génie,
Tu sais qu’à charmer mon loisir
Je bornai ma lyre timide,
Et qu’un simple habitant de Gnide,
D’une gloire souvent perfide
N’a jamais connu le désir.
Ma muse n’est qu’une mortelle.
Et n’attend rien de l’avenir ;
Mais je revois avec plaisir
Sa poétique bagatelle,