Dieux des champs ! dieux de l’innocence !
Le temps me ramène à vos pieds ;
J’ai revu le ciel de la France,
Et tous mes maux sont oubliés.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
O campagnes toujours chéries !
Est-ce bien vous que je revois !
Déjà dans la paix de ces bois
Je retrouve mes rêveries.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’ai vu le monde et ses misères,
Je suis las de le parcourir ;
C’est dans ces ombres tutélaires,
C’est ici que je veux mourir.
Je graverai sur quelque hêtre :
Adieu, fortune ; adieu, projets !
Adieu, rocher qui m’as vu naître !
Je renonce à vous pour jamais.
Que je puisse cacher ma vie
Sous les feuilles d’un arbrisseau,
Comme le frêle vermisseau
Qu’enferme une tige fleurie !
Si l’enfant qui porte un bandeau
Voulait embellir mon asile,
O bocage de Romainville !
Couronne de fleurs ton berceau.
Et si, sans bruit et sans escorte,
L’amitié venait sur ses pas
Frapper doucement à ma porte,
Laisse-la voler dans mes bras !
Amours, plaisirs, troupe céleste,
Ne pourrai-je vous attirer,
Et le dernier bien qui me reste
Est-il la douceur de pleurer ?
Il n’existe qu’une édition complète des œuvres de Léonard. Elle forme trois volumes in-8o. Elle a été publiée à Paris en 1797 chez Didot, par le neveu du poëte, Vincent Campenon, qui devint plus tard membre de l’Académie française.