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DES ROMAINS, CHAP. XVIII.


de la discipline pour qu’elle puisse agir longtemps[1].

Les Romains parvinrent à commander à tous les peuples, non seulement par l’art de la guerre, mais aussi par leur prudence, leur sagesse, leur constance, leur amour pour la gloire et pour la patrie. Lorsque, sous les Empereurs, toutes ces vertus s’évanouirent, l’art militaire leur resta, avec lequel, malgré la faiblesse de la tyrannie de leurs princes, ils conservèrent ce qu’ils avaient acquis. Mais, lorsque la corruption se mit dans la milice même, ils devinrent la proie de tous les peuples.

Un empire fondé par les armes a besoin de se soutenir par les armes. Mais, comme, lorsqu’un État est dans le trouble, on n’imagine pas comment il peut en sortir, de même, lorsqu’il est en paix et qu’on respecte sa puissance, il ne vient point dans l’esprit comment cela peut changer ; il néglige donc la milice, dont il croit n’avoir rien à espérer et tout à craindre, et souvent même il cherche à l’affaiblir.

C’était une règle inviolable des premiers Romains que quiconque avait abandonné son poste ou laissé ses armes dans le combat était puni de mort. Julien et Valentinien avaient, à cet égard, établi les anciennes peines. Mais les Barbares pris à la solde des Romains, accoutumés à faire la guerre comme la font aujourd’hui les Tartares, à fuir pour combattre encore, à chercher le pillage plus que l’honneur[2], étaient incapables d’une pareille discipline.

Telle était la discipline des premiers Romains qu’on

  1. Ce paragraphe n'est point dans A.
  2. Ils ne voulaient pas s’assujettir aux travaux des soldats romains. Voyez Ammien Marcellin, liv. XVIII, qui dit, comme une chose extraordinaire, qu’ils s’y soumirent en une occasion, pour plaire à Julien, qui voulait mettre des places en état de défense. (M.)