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DES ROMAINS, CHAP. XVII.

Enfin, cette affabilité des premiers empereurs, qui seule pouvait leur donner le moyen de connaître leurs affaires, fut entièrement bannie. Le prince ne sut plus rien que sur le rapport de quelques confidents, qui, toujours de concert, souvent même lorsqu’ils semblaient être d’opinion contraire, ne faisaient auprès de lui que l’office d’un seul.

Le séjour de plusieurs empereurs en Asie et leur perpétuelle rivalité avec les rois de Perse firent qu’ils voulurent être adorés comme eux, et Dioclétien, d’autres disent Galère, l’ordonna par un édit.

Ce faste et cette pompe asiatiques s’établissant[1], les yeux s’y accoutumèrent d’abord, et, lorsque Julien voulut mettre de la simplicité et de la modestie dans ses manières, on appela oubli de la dignité ce qui n’était que la mémoire des anciennes mœurs.

Quoique, depuis Marc-Aurèle, il y eût eu plusieurs empereurs, il n’y avait eu qu’un empire, et, l’autorité de tous étant reconnue dans les provinces, c’était une puissance unique exercée par plusieurs.

Mais Galère et Constance Chlore n’ayant pu s’accorder, ils partagèrent réellement l’empire[2] ; et, par cet exemple, qui fut dans la suite suivi par Constantin, qui prit le plan de Galère, et non pas celui de Dioclétien, il s’introduisit une coutume qui fut moins un changement qu’une révolution.

De plus, l’envie qu’eut Constantin de faire une ville nouvelle, la vanité de lui donner son nom, le déterminèrent [3] à porter en Orient le siège de l’empire. Quoique

  1. A. Ayant été établis.
  2. Voyez Oroze, liv. VII, et Auréllus Victor (M.)
  3. A. le détermina.