abaissés par Constantin, qui ne leur laissa que les fonctions civiles et en fit quatre au lieu de deux.
La vie des empereurs commença donc à être plus assurée ; ils purent mourir dans leur lit, et cela sembla avoir un peu adouci leurs mœurs : ils ne versèrent plus le sang avec tant de férocité. Mais, comme il fallait que ce pouvoir immense débordât quelque part, on vit un autre genre de tyrannie, mais plus sourde. Ce ne furent plus des massacres, mais des jugements iniques, des formes de justice qui semblaient n’éloigner la mort que pour flétrir la vie. La cour fut gouvernée et gouverna par plus d’artifices, par des arts plus exquis, avec un plus grand silence. Enfin, au lieu de cette hardiesse à concevoir une mauvaise action et de cette impétuosité à la commettre, on ne vit plus régner que les vices des âmes faibles, et des crimes réfléchis.
Il s’établit un nouveau genre de corruption. Les premiers empereurs aimaient les plaisirs ; ceux-ci, la mollesse. Ils se montrèrent moins aux gens de guerre ; ils furent plus oisifs, plus livrés à leurs domestiques[1], plus attachés à leurs palais, et plus séparés de l’Empire.
Le poison de la Cour augmenta sa force à mesure qu’il fut plus séparé : on ne dit rien, on insinua tout ; les grandes réputations furent toutes attaquées, et les ministres et les officiers de guerre furent mis sans cesse à la discrétion de cette sorte de gens qui ne peuvent servir l’État, ni souffrir qu’on le serve avec gloire[2].