sa gloire, de façon qu’elle ne réveillât que l’attention, et non pas la jalousie du prince, et ne point paraître devant lui avec un éclat que ses yeux ne pouvaient souffrir[1].
Auguste fut fort retenu à accorder le droit de bourgeoisie romain[2] ; il fit des lois[3] pour empêcher qu’on n’affranchît trop d’esclaves[4] ; il recommanda par son testament que l’on gardât ces deux maximes, et qu’on ne cherchât point à étendre l’Empire par de nouvelles guerres.
Ces trois choses étaient très bien liées ensemble dès qu’il n’y avait plus de guerres, il ne fallait plus de bourgeoisie nouvelle, ni d’affranchissements.
Lorsque Rome avait des guerres continuelles, il fallait qu’elle réparât continuellement ses habitants. Dans les commencements, on y mena une partie du peuple de la ville vaincue ; dans la suite, plusieurs citoyens des villes voisines y vinrent pour avoir part au droit de suffrage, et ils s’y établirent en si grand nombre que, sur les plaintes des alliés, on fut souvent obligé de les leur renvoyer ; enfin, on y arriva en foule des provinces. Les lois favorisèrent les mariages et même les rendirent nécessaires. Rome fit, dans toutes ses guerres, un nombre d’esclaves prodigieux, et, lorsque ses citoyens furent comblés de richesses, ils en achetèrent de toutes parts ; mais ils les affranchirent sans nombre, par générosité, par avarice, par faiblesse[5] : les uns voulaient récompenser des esclaves fidèles ; les autres voulaient recevoir, en leur