Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t2.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XIII.


AUGUSTE[1].


Sextus Pompée tenait la Sicile et la Sardaigne ; il était maître de la mer, et il avait avec lui une infinité de fugitifs et de proscrits qui combattaient pour leurs dernières espérances. Octave lui fit deux guerres très laborieuses, et, après bien des mauvais succès, il le vainquit par l’habileté d’Agrippa.

Les conjurés avaient presque tous fini malheureusement leur vie[2] ; et il était bien naturel que des gens qui étaient à la tête d’un parti abattu tant de fois, dans des guerres où l’on ne se faisait aucun quartier, eussent péri de mort violente. De là, cependant, on tira la conséquence d’une vengeance céleste qui punissait les meurtriers de César et proscrivait leur cause[3].

Octave gagna les soldats de Lépidus et le dépouilla de la puissance du triumvirat ; il lui envia même la consolation de mener une vie obscure et le força de se trouver comme homme privé, dans les assemblées du peuple.

  1. Comp. Saint-Évremond : Réflexions sur les Romains, ch. XVI.
  2. De nos jours, presque tous ceux qui jugèrent Charles Iereurent une fin tragique. C’est qu’il n’est guère possible de faire des actions pareilles, sans avoir, de tous côtés de mortels ennemis, et par conséquent de courir une infinité de périls. (M.)
  3. Suet., in Julio, c. LXXXIX.