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DES ROMAINS, CHAP. VIII.

M. Livius nota le peuple même, et, de trente-cinq tribus, il en mit trente-quatre au rang de ceux qui n’avaient point de part aux privilèges de la ville[1]. « Car, disait-il, après m’avoir condamné, vous m’avez fait consul et censeur. Il faut donc que vous ayez prévariqué une fois, en m’infligeant une peine, ou deux fois, en me créant consul et ensuite censeur. »

M. Duronius, tribun du peuple, fut chassé du sénat par les censeurs parce que, pendant sa magistrature, il avait abrogé la loi qui bornait les dépenses des festins[2].

C’était une institution bien sage : ils ne pouvaient ôter à personne une magistrature, parce que cela aurait troublé l’exercice de la puissance publique[3] ; mais ils faisaient déchoir de l’ordre et du rang et privaient, pour ainsi dire, un citoyen de sa noblesse particulière.

Servius Tullius[4] avait fait la fameuse division par cen-

    referre. On était mis hors de sa centurie, et on n’avait plus le droit de suffrage. (M.)
    A. rédige ainsi la fin de la phrase : Ils pouvoient réduire un citoyen au nombre de ceux qui payoient les charges de la ville sans avoir part à ses privilèges ; enfin ils jetoient les yeux sur la situation actuelle de la république et distribuoient de manière dans ses diverses tribus, que les tribuns et les ambitieux ne pussent pas se rendre maître des suffrages, et que le peuple ne pût pas abuser de son pouvoir.

  1. Tite-Live, livre XXIX. (M.)
  2. Valère Maxime, liv. II, chap. IX, art. 5. (M.)
  3. La dignité de sénateur n’était pas une magistrature. (M.)
  4. Dans A. cet alinéa est en note, et ainsi rédigé : Les plébéiens obtinrent contre les patriciens, que les lois et les élections des magistrats se feroient par le peuple assemblé par tribus et non par des centuries. Il y avoit trente-cinq tribus qui donnoient chacune leur voix, quatre de la ville et trente et une de la campagne. Comme il n’y avoit chez les Romains que deux professions en honneur, la guerre et l’agriculture, les tribus de la campagne furent plus considérées ; et les quatre autres reçurent cette vile partie de citoyens qui, n’ayant pas de terres à cultiver, n’étoient, pour ainsi dire, citoyens qu’à demi ; la plupart n’alloient pas même à la guerre ; car pour faire les enrôlements, on suivoit la division par centuries, et ceux