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DES ROMAINS, CHAP. VI.


sors, ses transfuges, ils lui demandèrent de livrer sa personne : chose qui, étant pour un prince le dernier des malheurs, ne peut jamais faire une condition de paix.

Enfin, ils jugèrent les rois pour leurs fautes et leurs crimes particuliers : ils écoutèrent les plaintes de tous ceux qui avaient quelques démêlés avec Philippe, ils envoyèrent des députés pour pourvoir à leur sûreté ; et ils firent accuser Persée devant eux pour quelques meurtres et quelques querelles avec des citoyens des villes alliées.

Comme on jugeait de la gloire d’un général par la quantité de l’or et de l’argent qu’on portait à son triomphe, il ne laissait rien à l’ennemi vaincu. Rome s’enrichissait toujours, et chaque guerre la mettait en état d’en entreprendre une autre.

Les peuples qui étaient amis ou alliés se ruinaient[1] tous par les présents immenses qu’ils faisaient pour conserver la faveur ou l’obtenir plus grande, et la moitié de l’argent qui fut envoyé pour ce sujet aux Romains aurait suffi pour les vaincre.

Maîtres de l’univers, ils s’en attribuèrent tous les trésors : ravisseurs moins injustes en qualité de conquérants qu’en qualité de législateurs. Ayant su que Ptolomée, roi de Chypre, avait des richesses immenses, ils firent[2]. une loi, sur la proposition d’un tribun, par laquelle ils se don-

    transfuges, on lui demandât qu’il rendît les armes ; à quoi ni lui ni les siens ne purent consentir. (Fragment de Dion.) (M.)

  1. Les présents que le sénat envoyoit aux rois n'étoient que des bagatelles, comme une chaîne et un bâton d'ivoire, ou quelque robe de magistrature. (M.)
  2. Florus, liv. III, chap. IX. (M.) — Divitiarum tanta fama erat, ut victor gentium populus, et donare regna consuetus, socii vivique regis confiscationem mandaverit. (M.)