Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t2.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
DES ROMAINS, CHAP. VI.


guerre qu’ils firent à Mithridate fut que, contre cette défense, il avait soumis quelques barbares[1].

Lorsqu’ils voyaient que deux peuples étaient en guerre, quoiqu’ils n’eussent aucune alliance, ni rien à démêler avec l’un ni avec l’autre, ils ne laissaient pas de paraître sur la scène, et, comme nos chevaliers errants, ils prenaient le parti du plus faible. C’était, dit Denys d’Halicarnasse[2], une ancienne coutume des Romains d’accorder toujours leur secours à quiconque venait l’implorer.

Ces coutumes des Romains n’étaient point quelques faits particuliers arrivés par hasard ; c’étaient des principes toujours constants, et cela se peut voir aisément : car les maximes dont ils firent usage contre les plus grandes puissances[3] furent précisément celles qu’ils avaient employées, dans les commencements, contre les petites villes qui étaient autour d’eux.

Ils se servirent d’Euménès et de Massinisse pour subjuguer Philippe et Antiochus, comme ils s’étaient servis des Latins et des Herniques pour subjuguer les Volsques et les Toscans ; ils se firent livrer les flottes de Carthage et des rois d’Asie, comme ils s’étaient fait donner les barques d’Antium[4] ; ils ôtèrent les liaisons politiques et civiles entre les quatre parties de la Macédoine, comme ils avaient autrefois rompu l’union des petites villes latines[5].

  1. Appien, De bello Mithrid., chap. XIII. (M.)
  2. Fragment de Denys, tiré de l’Extrait des ambassades. (M.)
  3. A. Car les maximes dont ils firent usage contre les plus grands monarques, furent précisément, etc.
  4. Le paragraphe finit ici dans A. La phrase : Ils obéirent, etc., et les trois paragraphes suivants sont placés après celui qui commence par : Lorsqu'il y avoit quelques disputes, etc.
  5. Tite-Live, liv. VII. (M.)