Dans le cours de tant de prospérités, où l’on se néglige pour l’ordinaire, le sénat agissait toujours avec la même profondeur, et, pendant que les armées consternaient tout, il tenait à terre ceux qu’il trouvait abattus.
Il s’érigea en tribunal qui jugea tous les peuples : à la fin de chaque guerre, il décidait des peines et des récompenses que chacun avait méritées. Il ôtait une partie du domaine du peuple vaincu pour la donner aux alliés[2] ; en quoi il faisait deux choses : il attachait à Rome des rois dont elle avait peu à craindre et beaucoup à espérer, et il en affaiblissait d’autres dont elle n’avait rien à espérer et tout à craindre.
On se servait des alliés pour faire la guerre à un ennemi ; mais d’abord on détruisit[3] les destructeurs. Philippe fut vaincu par le moyen des Étoliens, qui furent anéantis d’abord après[4], pour s’être joints à Antiochus.
- ↑ Comparez Machiavel, le Prince, chap. III, et Bossuet, Discours sur l’histoire universelle; IIIe partie, chap. VI. Bossuet a sur Montesquieu cet avantage qu'il condamne énergiquement l’injustice romaine.
- ↑ A. Il ôtoit une partie des terres du peuple vaincu pour les donner, etc.
- ↑ A. On détruisit les destructeurs.
- ↑ Aussitôt après.