Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t2.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.


PRÉFACE DE L’ÉDITEUR


_______________



Après sa nomination à l’Académie, Montesquieu prit une résolution, bien rare chez un Français du XVIIIe siècle, ce fut de quitter la France pour quelques années afin de visiter les pays étrangers. C’est en voyant les choses et les hommes qu’il voulait achever de s’instruire, avant de mettre la dernière main au grand ouvrage dont la pensée l’occupait depuis sa jeunesse, l’Esprit des lois.

Parti, le 5 avril 1728, en compagnie de milord Waldegrave, envoyé du roi d’Angleterre à Vienne, il parcourut l’Autriche et la Hongrie, passa de là en Italie, revint par la Suisse, les bords du Rhin et la Hollande, et enfin arriva en Angleterre au mois d’octobre 1729. Il ne resta pas moins de deux ans dans ce pays qui lui donnait le spectacle de la liberté politique. S’il faut en croire d’Alembert, que je soupçonne de prêter son esprit à l’auteur, il résultait des observations de Montesquieu que l’Allemagne était faite pour y voyager, l’Italie pour y séjourner, l’Angleterre pour y penser et la France pour y vivre.

Revenu dans sa patrie, Montesquieu s’enferma pendant deux ans dans son château de la Brède. C’est là qu’il écrivit ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. Le livre parut en 1736, à Amsterdam, chez Jacques Desbordes[1]. L’ouvrage était anonyme, mais jamais l’auteur ne s’était moins caché, car une édition, datée d’Amsterdam 1735,

  1. Un vol. in-12. Il y a eu deux éditions la même année. Celle qui a un errata n’est que la seconde.