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LE TEMPLE DE GNIDE.


Un Satyre nous vit ; il suivait follement
Une Nymphe échappée à son emportement.
Heureux amants, dit-il, vos yeux savent s’entendre ;
Vous payez un soupir d’un soupir aussi tendre :
Mais moi, d’une cruelle en vain je suis les pas,
Plus malheureux encor quand elle est dans mes bras.
Près de nous, une Nymphe errante et solitaire,
Sentit, en nous voyant, s’humecter sa paupière :
Non ! c’est, dit-elle, encor pour nourrir mes tourments,
Que le cruel Amour me fait voir ces amants !

Nous vîmes Apollon au bord d’une onde pure :
Brillant par son carquois et par sa chevelure,
Sur les pas de Diane il marchait dans les bois ;
Il accordait sa lyre. On a vu mille fois
Les arbres, les rochers accourir pour l’entendre,
Et le lion terrible en revenir plus tendre :
Mais nous écoutions peu cette divine voix.

On eût dit que Thémire, à toute la nature
Donnait, en ce moment, le signal du bonheur :
Le Zéphir, à nos pieds, caressait chaque fleur ;
L’eau baignait son rivage avec un doux murmure ;
Les myrtes, étendus comme un dais de verdure,
En s’embrassant sur nous exhalaient leur odeur ;
Des ramiers soupiraient sous le même feuillage ;
Et l’essaim des oiseaux, dans son joyeux ramage,
Chantait déjà la gloire et le prix du vainqueur.

Je vis l’Amour, pareil au papillon folâtre,
Voler près de Thémire, et sur ses beaux cheveux
Baiser son front naïf, et sa bouche, et ses yeux ;
Descendre, et s’arrêter sur sa gorge d’albâtre.
Ma main veut le saisir ; j’avance,... il prend l’essor :
Je le suis, je le trouve aux pieds de mon amante ;
Il fuit vers ses genoux, et je l’y trouve encor.
Je le suivais toujours, si Thémire tremblante,
Thémire toute en pleurs, n’avait su m’arrêter :