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CHANT TROISIÈME.


Je parlais encor de Thémire ;
Aristée, attentif à ce doux entretien,
Soupirait son amour, et voulut le décrire :
Voici ce qu’il me dit ; je ne supprime rien ;
Le dieu qui l’inspirait est le dieu qui m’inspire.

Ma vie est peu fertile en grands événements ;
Tout en est simple. J’aime, et vous allez apprendre
Les sentiments d’une âme tendre,
Et ses plaisirs et ses tourments.
Ce même amour qui fait mon bonheur et ma gloire,
Fait aussi toute mon histoire.

Camille est née à Gnide au milieu des grandeurs.
Faut-il peindre celle que j’aime ?
Son image s’imprime au fond de tous les cœurs :
Elle a ces agréments flatteurs,
Cet air qui nous ravit plus que la beauté même.

Les femmes, dans leurs vœux, demandent à l’Amour
Les grâces de Camille, objet de leur envie.
Les hommes qui l’ont vue un jour,
Voudraient la voir toute leur vie,
Ou s’en éloigner sans retour.
L’habit le plus modeste embellit mon amante ;
Qui ne serait frappé de sa taille charmante,
De ces traits dont l’ensemble attire tous les yeux,
De son regard si fier, mais tout prêt d’être tendre,