Tu as ouï parler mille fois du fameux roi de Suède : [1] il assiégeait une place, dans un royaume qu’on nomme la Norwége : comme il visitait la tranchée, seul avec un ingénieur, il a reçu un coup dans la tête, dont il est mort. On a fait sur-le-champ arrêter son premier ministre : [2] les États se sont assemblés et l’ont condamné à perdre la tête.
Il était accusé d’un grand crime : c’était d’avoir calomnié la nation, et de lui avoir fait perdre la confiance de son roi : forfait qui, selon moi, mérite mille morts.
Car enfin, si c’est une mauvaise action de noircir dans l’esprit du prince le dernier de ses sujets, qu’est-ce, lorsque l’on noircit la nation entière, et qu’on lui ôte la bienveillance de celui que la Providence a établi pour faire son bonheur ?
Je voudrais que les hommes parlassent aux rois, comme les anges parlent à notre saint prophète.