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LETTRE LXX.




LETTRE LXX.

ZÉLIS A USBEK.


A PARIS.


Soliman, que tu aimes, est désespéré d’un affront qu’il vient de recevoir. Un jeune étourdi, nommé Suphis, recherchait depuis trois mois sa fille en mariage ; il paraissait content de la figure de la fille, sur le rapport et la peinture que lui en avaient faits les femmes qui l’avaient vue dans son enfance ; on était convenu de la dot, et tout s’était passé sans aucun incident. Hier, après les premières cérémonies, la fille sortit à cheval, accompagnée de son eunuque, et couverte, selon la coutume, depuis la tête jusqu’aux pieds. Mais, dès qu’elle fut arrivée devant la maison de son mari prétendu, il lui fit fermer la porte, et il jura qu’il ne la recevrait jamais, si on n’augmentait la dot. Les parents accoururent de côté et d’autre, pour accommoder l’affaire ; et, après bien de la résistance, Soliman convint [1] de faire un petit présent à son gendre. Les cérémonies du mariage s’accomplirent, et l’on conduisit la fille dans le lit avec assez de violence ; mais, une heure

  1. A. C. Ils firent convenir Soliman de faire un petit présent à son gendre. Enfin les cérémonies du mariage accomplies, on conduisit, etc.