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III
AVERTISSEMENT.


gleterre[1]. La théorie des trois pouvoirs défraye pendant quinze ans la politique libérale.

C’est alors qu’on réimprime et qu’on annote avec une espèce de furie les œuvres de Montesquieu, et que pour la première fois on s’occupe de la critique du texte. Les éditions publiées par Lequien en 1819, par Dalibon en 1822, par Lefèvre en 1826, sont vraiment recommandables. M. Parrelle, qui a soigné l’édition Lefèvre, a bien mérité de Montesquieu. Après lui on ne peut guère citer que M. Ravenel qui, en 1834, a donné chez Debure une bonne édition des œuvres complètes, en un volume. Depuis lors on n’a que des réimpressions.

Le moment paraît favorable pour rappeler l’attention sur un de nos plus grands esprits. On cite souvent Montesquieu, mais on le cite plutôt qu’on ne le lit ; cela se voit de reste par les citations qu’on en fait, citations qui ne prouvent pas une grande familiarité avec l’auteur. Montesquieu a employé le mot de vertu dans l’acception antique, et comme synonyme de patriotisme ; il est revenu vingt fois sur le sens particulier qu’il attache à ce mot ; cela n’empêche pas que vingt fois par an, dans des discours d’apparat, on ne nous répète que Montesquieu s’est trompé quand il a fait de la vertu, le principe du gouvernement républicain, et qu’on peut être aussi ver-

  1. Esprit des lois, XI, 6.